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Quelques Réflexions - par Alicia Staton

La vie à Paris

Il y a une semaine, le 5 mars, mon amie Leslie est venue me rendre visite à Paris.  Son voyage a été très intéressant pour elle comme pour moi. J’ai trouvé, pendant son séjour, que maintenant après avoir vécu à Paris pendant deux mois, nous sommes déjà très différentes. 

D’abord il y a la langue.  Leslie ne parle pas un seul mot de français (elle ne dit que bonjour et merci) parce qu’elle a étudié l’espagnol à l’école.  Avec ce voyage de Leslie j’ai appris que mon propre français est beaucoup mieux que je me permets d’accepter.  De temps en temps je trouve quelqu’un qui fait l’éloge de mon français en disant que je parle bien : je ne fais jamais attention à ces éloges parce que je sais très bien que je fais toujours des fautes grammaticales et mon accent n’est pas terrible.  Quand même, après avoir passé une semaine avec quelqu’un qui ne parle pas du tout français, j’ai dû beaucoup traduire, tout expliquer et enseigner aussi.  Moi, je peux communiquer en français, et elle ne peut pas (ce n’est pas sa faute).  En bref, ce que je veux dire c’est qu’il m’a fallu une visite d’une amie pour me rendre compte que j’ai quelque chose qu’elle n’a pas. Mon français n’est pas parfait, mais le français que je maîtrise aujourd’hui m’a pris un effort pendant quelques années, et je suis fière de mon accomplissement.

Ensuite il y a la ville.  Depuis son premier jour j’ai dû lui donner des explications de Paris, surtout pour le métro.  Il y a quelques mois c’était nous qui avions besoin d’explications et maintenant c’est nous qui les donnons.  Même le transport en dehors du métro j’ai aussi changé, par exemple hier soir : on est descendu en RER C à Saint Michel et l’idée, c’était de traverser la Seine pour aller dans le Marais et prendre un dessert.  J’ai montré le trajet sur une carte à Leslie, et elle a exclamé parce que c’était long. A Duke il faut marcher 30 minutes pour aller du Campus de l’est au Campus de l’ouest, et ça, c’est long.  A Paris on marche au moins une heure chaque jour, sans doute.  Un trajet de 30 minutes n’est pas beaucoup aussi parce qu’on est habitué de voir de beaux bâtiments et d’art urbain. Par des petites choses comme cet exemple, je vois de plus en plus que je me comporte comme une parisienne.

Dernièrement, il y a des petites observations que Leslie fait tout le temps.  La question qu’elle a posée qui m’a fait beaucoup rigoler c’est : « Do they give you refills here ? » Haha. Ridicule.  Insolite. Jamais entendu à Paris.  En Caroline du Nord on est habitué d’avoir toujours des «refills» pour tout.  A Paris, c’est devenu une plaisanterie pour moi, et elle n’a pas compris tout de suite pourquoi cette question innocente était si drôle pour moi.  Une autre chose que Leslie fait toujours c’est des observations partout.  Elle regarde beaucoup autour d’elle et me montre les choses qui la frappent.  Elle a encore le regard d’un visiteur.  Moi, malheureusement, je suis toujours plus occupée avec mes destinations qu’avec le voyage.  Pour ça je crois qu’il faut faire attention : d’accord, il n’est pas possible de s’arrêter à chaque carrefour et prendre une photographie mais aussi il faut se souvenir que même si on a envie d’être chez nous, ce n’est pas toujours qu’on est à Paris. 

Alors on a déjà la langue, avec ces imperfections.  On est en France.  Il faut être un peu parisien et au même temps un peu étranger pour ne pas oublier de profiter de cette ville la plus belle que j’ai jamais vue.  Pour le moment, je me considère trilingue, parisienne provenant de l’Amérique du Sud.

Automne 2010